Ramnoux C., La nuit et les enfants ... la tradition grecque, 1959.pdf

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CLÉMENCEIRAMNOUX
LA
NUIT
ET
LES
ENFANTS
DE
LA
NUIT
DANS
LA
TRADITION
GRECQUE
Collection
«
SYMBOLES
»
CENTRE
NATIONAL
DE
LA
RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
FLAMMARION,
ÉDITEUR
26,
rue
Racine,
Paris
(VT)
Asy
Publié
avec
le
concours
du
'zA
INTRODUCTION
Que
l’on
considère
cet
essai
comme
une
pièce
détachée
de
la
thèse
consacrée
à
l’étude
du
vocabu­
laire
et
des
structures
de
la
pensée
antésocratique.
La
pensée
antésocratique
a
pour
armature
des
couples
contrariés.
Il
est
apparu
que
plusieurs
pôles
négatifs
dérivaient
du
catalogue
hésiodique
des
Enfants
de
la
Nuit.
Prouver
la
filiation
n’est
pas
chose
commode
:
parce
que
des
chaînons
manquent,
ou
parce
que
l’évolution
s’est
faite
par
mutation
brusque.
Comme
dans
tous
les
cas
de
mutation,
ce
qui
manque,
ce
qui
a
disparu,
parce
que
rare,
instable
et
fragile,
c’est
le
premier
muté.
Mais
la
recherche
prouvait
l’intérêt
d’un
type
de
pensée
moulé
dans
les
fragments
cosmo­
goniques
des
théogonies.
Ce
type
de
pensée
ne
se
confond
ni
avec
la
création
mytho-poétique,
ni
avec
la
sagesse,
mais
il
s’insère
entre
les
deux,
et
il
fait
mieux
que
de
s’insérer.
Il
s’est
continué
dans
la
spéculation
des
«
théologiens
»,
qui
le
recouvre
en
partie.
On
pourrait
dresser
l’arbre
généalogique
ainsi
:
pensée
théogonico-cosmogonique
;
phase
de
mutation
donnant
deux
rameaux
:
a)
rameau
archaï­
que
poursuivi
dans
la
pensée
des
théologiens,
b)
ra-
LA
NUIT
ET
LES
ENFANTS
DE
LA
NUIT
meau
évolutif
apparu
avec
la
pensée
des
physiciens,
poursuivi
lui-même
en
s’embranchant
en
science
et
ontologie;
30
phase
tardive
de
réinvolution,
caracté­
ristique
des
basses
époques
hellénistiques.
Mais
une
espèce
mentale
ne
saurait
poursuivre
sa
vie
dans
un
milieu
linguistique
transformé
sans
subir
de
graves
altérations.
Pour
conservateurs
qu’ils
fussent,
les
théologiens
ne
sont
pas
demeurés
au
niveau
de
la
création
mytho-poétique
naïve,
ni
même
au
niveau
de
la
pensée
cosmogonique.
Ils
ont
sauvé
leurs
théogonies
et
leurs
cosmogonies
en
transposant
dans
leur
registre
une
sagesse
toute
nouvelle.
Le
procédé
est
constant
dans
la
phase
2°,
de
plus
en
plus
artificiel,
au
fur
et
à
mesure
que
l’on
progresse,
ou
que
l’on
régresse,
vers
ses
étapes
tardives.
Dans
la
phase
30,
et
peut-être
déjà
avant,
se
produit
un
curieux
renversement,
et
comme
un
retour
à
un
nouveau
mode
de
mythologie.
Car
d’une
part,
on
habille
la
philosophie
en
oripeaux
de
théogonie.
Mais
d’autre
part
les
constructions
théogoniques
elles-
mêmes
évoluent
selon
leurs
lois
propres, plus
proches
des
lois
de
l’imaginaire,
que
des
lois
de
la
pensée
rationnelle.
Elles
se
compliquent,
et
même,
elles
se
réalisent
visuellement.
C’est
la
philosophie
alors
qui
calque
ses
structures
sur
les
articulations
des
théo­
gonies
:
proposées
comme
un
support,
ou
acceptées
comme
une
révélation.
Le
schéma
est
élémentaire,
et
proposé
à
titre
d’essai.
Tel
quel
il
fournit
un
canevas
commode
pour
dater
les
sagesses,
autrement
que
par
leurs
places
dans
le
calendrier.
On
s’aperçoit
que
les
plus
grandes,
loin
d’être
pures,
participent
à
ces
jeux
singuliers.
Platon
appartient
aux
étapes
déjà
tardives
de
la-
phase
seconde.
Mais
il
y
occupe
une
place
à
part,
parce
qu’il
possède
sa
manière
à
lui
de
jouer
entre
les
registres.
Sa
manière
est
inimitable.
Grâce
d’abord
à
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