[Coplan 74 ] Kenny, Paul - Indicatif fx 18 (1963).pdf

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PAUL KENNY
INDICATIF FX-18
ROMAN D’ESPIONNAGE
EDITIONS FLEUVE NOIR
69, boulevard Saint-Marcel – PARIS-XIIIe
© 1963
« Editions Fleuve Noir », Paris.
Reproduction et traduction, même partielle interdites. Tous droits réservés
pour tous pays, y compris l’U.R.S.S. et les pays Scandinaves.
En raison du caractère d’actualité de cet ouvrage. L’auteur tient à préciser
que toute ressemblance entre certains personnages présentés ici et des
personnes vivantes ou ayant vécu ne pourrait être (sauf deux exceptions,
aisément identifiables) que le fait d’une coïncidence. De même
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l’interprétation de certains événements qui sont du domaine de l’actualité
ne relève assurément que de la fiction romanesque. L’auteur décline toute
responsabilité à cet égard et rappelle, une fois encore, quil s
agit ici d’une
œuvre de pure imagination.
Paul KENNY
CHAPITRE PREMIER
Francis Coplan en pantoufles. C’était tellement inattendu, tellement
exceptionnel, tellement cocasse qu’il n’en revenait pas lui-même.
Et pourtant, c’était vrai.
Dans son modeste appartement de célibataire, au second étage d’un vieil
immeuble de la rue Vivienne, à Paris, Francis savourait depuis quelques
heures un plaisir tranquille et subtil dont il avait presque perdu le souvenir :
le plaisir de flâner chez soi, loin des soucis du monde, loin des dangers de
l’aventure.
Drapé dans une robe de chambre bleu-marine qui commençait à donner
des signes de fatigue (il l’avait achetée en 1947, dans une boutique de la rue
Caumartin), il faisait la navette entre le living et la cuisine, sans hâte,
visiblement décontracté, un peu guilleret pour tout dire.
En réalité, il n’était pas tout à fait inactif. L’idée lui était venue de mettre
de l’ordre dans sa bibliothèque, qui en avait bien besoin. Il rangeait des
livres, il triait des revues (scientifiques pour la plupart) et il classait des
périodiques dont les livraisons s’étaient accumulées au fil des mois. Tout ce
qui lui semblait périmé, il en faisait un tas sur la table. Quand le tas
devenait trop important, il allait le jeter dans la poubelle, à la cuisine.
De temps à autre, il feuilletait un bouquin ou un fascicule. Il picorait…
Et lorsque le hasard lui mettait sous les yeux un texte captivant, il
s’installait dans un fauteuil pour le lire…
Dehors, il faisait un froid sibérien. La radio annonçait onze degrés sous
zéro, signalant qu’il s’agissait là d’un record : depuis soixante-quinze ans, il
n’avait jamais fait aussi froid à Paris un 29 décembre. Par chance,
l’immeuble était remarquablement chauffé !
La bonne chaleur de l’appartement, le silence qui régnait dans la maison
et dans la rue – un million de Parisiens étaient aux sports d’hiver, les autres
restaient au coin du feu – tout cela contribuait à donner un charme infini à
cette journée de farniente que Coplan dégustait comme un cadeau rarissime
des dieux.
Le temps s’écoulait, paisible. Un peu de neige se mit à tomber au
moment du crépuscule, le ciel blême se voila.
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